Poursuivie en diffamation par six personnalités pour son essai intitulé Les Réseaux du Kremlin en France, consacré au «soft power» de Moscou dans l'Hexagone, l'enseignante-chercheuse Cécile Vaissié a été condamnée le 14 juin pour un seul passage sur la vingtaine visée par les plaignants.
Cette spécialiste de la Russie et son éditrice étaient poursuivies par six personnes présentées, dans cet ouvrage paru en mars 2016, comme étant «pro-Kremlin»: trois blogueurs, un enseignant, et l'ex-conseiller en géopolitique de Jean-Luc Mélenchon, qui a depuis quitté La France insoumise, Djordje Kuzmanovic, ainsi que son épouse Véra Nikolski, fonctionnaire à l'Assemblée nationale.
Concernant les plaintes des blogueurs Pierre Lamblé et Hélène Richard-Favre, de l'enseignant Gueorgui Chepelev et du couple Kuzmanovic-Nikolski, la 17ème chambre du tribunal correctionnel de Paris a estimé qu'aucun des passages qu'ils poursuivaient n'était diffamatoire. Les juges ont notamment rappelé qu'affirmer que ces personnes étaient «pro-Kremlin» et, pour les blogueurs, qu'ils reproduisaient sur leurs sites des «erreurs» ou des «mensonges» émanant de sources russes, ne portait pas atteinte à leur «honneur» et à leur «considération», la définition de la diffamation.
En revanche, le tribunal a condamné Cécile Vaissié et son éditrice à 500 euros d'amende avec sursis chacune pour un seul des passages poursuivis par le blogueur Olivier Berruyer, qui y était accusé d'avoir une «volonté de déformer les faits, d'attaquer ou de tromper, au moins en ce qui concerne les questions russo-ukrainiennes». Elles devront lui verser 2 000 euros de dommages et intérêts et 2 500 euros au titre des frais de justice, et le passage devra être supprimé en cas de réédition.
Sur une vingtaine de passages poursuivis, un seul est condamné : c'est un de trop
Lors de l'audience, les 14 et 15 mars, le parquet avait estimé qu'aucun des propos litigieux n'était diffamatoire. L'avocat de cinq des six plaignants, Jérémie Assous, par ailleurs avocat de RT France, avait mis en cause la méthodologie de l'universitaire et estimé que rien ne permettait de lier ces personnes à un quelconque «réseau» organisé pro-Kremlin. Le titre de l'ouvrage n'était toutefois pas poursuivi.
La défense de Cécile Vaissié et de son éditrice avait dénoncé une «procédure-bâillon». «Sur une vingtaine de passages poursuivis, un seul est condamné : c'est un de trop, et le débat reste entier» le concernant, a commenté l'un des avocats des prévenues, Ivan Terel, à l'issue du délibéré. La question «des réseaux d'influence russes en Europe et en France» s'inscrit «dans le débat le plus actuel», a-t-il estimé.
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