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Lors du traditionnel et annuel salon de l'agriculture qui s'ouvrait ce 23 février, Emmanuel Macron a vanté l'action de l'Union européenne pour l'agriculture, alors que les négociations pour élaborer la future politique agricole commune (PAC) viennent de débuter et que les élections européennes approchent.

«Sans la PAC, cette politique commune voulue par les pères fondateurs, les consommateurs européens ne bénéficieraient pas aujourd'hui d'une alimentation accessible et de qualité», a-t-il lancé lors d'une intervention de près d'une heure.

Devant un parterre de jeunes étudiants européens de filières agricoles, il a aussi souligné que la prochaine PAC devrait consacrer une «part significative» à l'environnement, en rémunérant notamment les «services environnementaux» rendus par les agriculteurs. Il a que «l'Europe agricole aujourd'hui [était] menacée de l'extérieur» et «de l'intérieur». «L'Europe agricole est un bien précieux qu'il nous faut protéger», a-t-il mis en évidence par ailleurs. «Nous devons définir des stratégies européennes, filière par filière» a-t-il appuyé, «travailler ensemble et ne pas être concurrents».

Pour lui, l'agriculture européenne peut s'en sortir face à la concurrence de puissances agricoles comme la Russie, la Chine ou les Etats Unis, par la «qualité», en adoptant une stratégie de «segmentation et de diversification», en évitant «la compétition mortifère sur le prix le plus bas». «Aucun accord commercial ne saurait être autorisé sur des produits ne respectant pas les standards européens environnementaux, sanitaires et sociaux», a-t-il également déclaré.

«Unité agricole», vraiment ? 

Mais cette «unité» agricole prônée par le chef de l'Etat existe-t-elle vraiment au sein de l'Union européenne ? Il suffit de franchir le Rhin pour constater les comportements peu amènes du premier partenaire de la France. Alors qu'Emmanuel Macron vante régulièrement la solidité du couple franco-allemand en Europe, les deux soi-disant alliés semblent plutôt faire figure de concurrents en matière d'agriculture. En effet, Berlin pousse ses prix à la baisse, encourage la production intensive à bas coût et polluante et favorise ainsi une concurrence déloyale avec les éleveurs français.

En Allemagne, les fermes-usines sont nombreuses : ces exploitations peuvent regrouper des milliers de vaches et/ou des milliers de porcs, nourris grâce à l'exploitation de centaines d'hectares de céréales ou herbes avec leur lot de pesticides. Sous la protection du marché unique, l'Allemagne se permet également de salarier une grande partie de sa main d’œuvre à bas salaire, issue des pays d'Europe de l'Est. En outre, le bien-être animal est bien loin des préoccupations de cette industrie de masse.

Emmanuel Macron semble également oublier que certains traités européens, qu'il a lui-même soutenus, tel que le CETA (traité de libre-échange avec le Canada), ratifié par l'UE et entré en vigueur en septembre 2017, permettent d'accentuer la concurrence et la course vers le moins-disant social ou environnemental. Si le CETA ne permet pas au Canada d'exporter vers l'Europe de bœuf aux hormones ou du poulet au chlore, le Canada refuse un étiquetage transparent de ses produits, tels que leurs saumons OGM. Des produits qui peuvent donc se retrouver sur les étals des supermarchés français, sans que le consommateur soit parfaitement au courant de ce qu'il mange.

L'UE peut difficilement résister aux produits canadiens, fort compétitifs et non soumis aux droits de douanes : nul doute que l'agriculture française, à l'image de son syndicat majoritaire la FNSEA, a toutes les raisons de craindre leurs importations.

Emmanuel Macron a malgré tout pris «l'engagement que soit inscrit dans la nouvelle PAC l'objectif de protéger les agriculteurs d'Europe des risques climatiques de marché inhérent à [leur] métier». 

Affirmant vouloir «réinventer la PAC», Emmanuel Macron a estimé qu'il s'agissait d'«une question de souveraineté alimentaire, environnementale, industrielle». «C'est-à-dire de pouvoir faire en tant que citoyen européen nos choix», a-t-il argumenté. Reste à savoir ce qu'entend le président par «citoyen européen». Car en matière d'agriculture peut-être plus encore que dans les autres domaines, les citoyen français, allemands ou roumains n'ont pas réellement les mêmes intérêts...

Jusqu'à présent, les agriculteurs français semblent en tout cas considérer que les leurs ne sont pas suffisamment protégés. Et ni la PAC ni l'UE ne semblent les convaincre du contraire. A cause de la pénibilité, de la précarisation et des fortes difficultés qu'ils rencontrent dans l'exercice de leur métier, un agriculteur français se donne la mort tous les deux jours en France selon la Mutualité sociale agricole.

Bastien Gouly

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