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La croix et la bannière pour Emmanuel Macron ? Au plus bas dans les sondages depuis plusieurs mois, le président de la République entendait certainement rabonnir son image en mêlant les discours politique et économique, l'hommage aux victime de la Grande Guerre de 1914-1918 et les contacts avec la population, ainsi que les élus locaux du nord-est de la France. Cette tournée du 4 au 9 novembre a été intitulée «itinérance mémorielle» par l'Elysée. Toutefois, depuis qu'elle a commencé, la communication connaît des failles. Un dernier sondage Elabe, publié le 8 novembre, tend à prouver le fiasco de cette «itinérance» : la confiance placée dans le couple exécutif a encore baissé, la cote d'Emmanuel Macron s'effritant de trois points, à 27%.

Il faut dire que les différentes rencontres avec les Français ne se sont pas passées comme prévu. Avec la hausse du prix des carburants – entraînant d'ailleurs l'organisation d'un mouvement de protestation le 17 novembre, l'augmentation de ceux de l'électricité et du gaz, la hausse de la CSG pour les retraités et les fonctionnaires ou encore le maintien voire la hausse de la taxe d'habitation pour certaines populations, les potentiels motifs de mécontentements vis-à-vis de l'exécutif des Français ne manquaient pas.

Face au risque qu'ils représentaient, Emmanuel Macron a d'abord esquivé, selon RTL, plusieurs bains de foule lors d'une étape à Pont-à-Mousson en Meurthe-et-Moselle, le 5 novembre. Des citoyens ont ainsi attendu près de six heures pour serrer la main du président de la République, avant de voir son cortège «filer en trombe» devant eux, comme l'explique la radio. Le chef de l'Etat a préféré ne rencontrer que les élus locaux pendant «plus de trois heures».

En outre, sur les réseaux sociaux, des internautes ont pointé du doigt ce qu'ils ont présenté comme un convoi présidentiel démesuré, pour un déplacement dans une petite commune comme Pont-à-Mousson.

Ces exemples montrent qu'Emmanuel Macron est entré dans une première contradiction : d'un côté sa volonté de renouer le contact avec le terrain, de l'autre la fuite en avant. Un faux-pas médiatisé qui se devait d'être corrigé dans les plus brefs délais.

Des populations en colère

Le lendemain, Emmanuel Macron s'est rendu à Verdun, haut lieu de la bataille éponyme. Pas question cette fois-ci d'éviter les citoyens... au risque de subir la houle de cette colère prégnante. De manière prévisible, Emmanuel Macron n'a pu empêcher un homme de s'en prendre à la politique globale du président ; l'échange a été filmé par BFMTV. «Vous faites des cadeaux d'un côté, pour le reprendre doublement de l'autre», a contesté cet habitant de Verdun, fustigeant au passage la hausse du prix des carburants et le «grignotement sur les chômeurs et les retraités».

Emmanuel Macron a tenté la pédagogie avec des formules surprenantes : «La hausse du carburant c'est pas bibi.» Une fake news partielle puisque, si depuis plusieurs jours Emmanuel Macron tente d'expliquer une partie des hausses par les cours du pétrole, une partie de cette augmentation est bel et bien due, aussi, à une taxation de l'Etat. Conséquence : la France est l'un des pays où l'essence est la plus chère d'Europe. 

A Verdun toujours, une autre personne a interpellé le chef de l'Etat sur le pouvoir d'achat. A cette dame affirmant que «30 euros» de hausse du minimum vieillesse ne pesait guère lorsque la facture de gaz augmentait de «250 euros», Emmanule Macron a répondu : «Les choses ne se font pas comme ça tout d’un coup [...] Tout le monde est pressé, je l’entends, mais il faut faire les choses sérieusement et sans mentir.»

Le lendemain, à Charleville-Mézières (Ardennes), plusieurs Français ont fait part au président de leur ressentiment quant aux mesures qu'ils estiment punitives à leur encontre comme la limitation de la vitesse à 80km/h, sans parler de la hausse des carburants. Certains ont même scandé «Président des riches !» à cette occasion.

D'aucuns, durant ces rendez-vous entre Emmanuel Macron et le peuple, ont bien tenté de camoufler la contestation par des messages de soutien ; mais l'image d'un président chahuté colle à «l'itinérance». D'autant plus qu'il s'est lancé dans une entreprise aventureuse peu lisible.

Emmanuel Macron entend commémorer et – en même temps – motiver sa politique

Emmanuel Macron veut en effet jouer sur plusieurs fronts : commémorer d'un côté le centenaire de l'Armistice du 11 novembre 1918, marquant la fin de l'une des guerres les plus meurtrières, et de l'autre expliquer son projet global économique, social et environnemental. N'est-on pas dans une confusion des genres ? L'exercice est en tout cas périlleux.

Le grand écart est illustrée par l'affaire Pétain. Le 7 novembre, Emmanuel Macron a affirmé vouloir honorer les maréchaux français vainqueurs de la Grande Guerre, et donc, le maréchal Pétain. «Le maréchal Pétain a été pendant la Première Guerre mondiale un grand soldat», a-t-il déclaré. Estimant que la victoire en 1918 était en partie due aux maréchaux, il était donc à ses yeux «normal de les célébrer». Cette déclaration a provoqué une indignation massive de la part des personnalités politiques. Tant, qu'elle a poussé le gouvernement et le président d'abord, à rétropédaler. Le 8 novembre, visitant une usine Renault près de Maubeuge, avec les ministres de l'Economie Bruno Le Maire et de l'Action publique Gérald Darmanin, Emmanuel Macron a tenu meeting devant les ouvriers. Sachant cette rencontre médiatisée et filmée, le président est revenu sur la controverse, dénonçant «la boîte à folie des polémiques inutiles», assurant qu'il n'y aurait pas de «célébration individuelle» pour le maréchal Pétain.

Adepte du grand écart, Emmanuel Macron est donc passé d'un thème, aucunement lié au sort des employés de l'usine, à la politique économique. Lors de cette même visite, un syndicaliste a apostrophé le président, critiquant sa politique : «Vous n'êtes pas le bienvenu ici [...] Aujourd'hui vous êtes en train de prendre aux salariés et aux retraités», lui a-t-il lancé. Eclaircie dans les turbulences de cette tournée, Emmanuel Macron a pu se satisfaire de voir le militant de SUD en question se faire huer par une partie de ses collègues. «Vous n'êtes pas apparemment majoritaire [...] On n'est pas là pour faire le show, on est là pour réussir», a notamment répliqué Emmanuel Macron, en endossant la responsabilité d'aider «ceux qui investissent».

S'il a semblé remporter une bataille médiatique avec cet échange musclé, Emmanuel Macron ne peut stopper l'expression médiatisée de la colère d'une partie de la population à l'encontre de sa politique. Ainsi, après la dérobade à Pont-à-Mousson du début de semaine, plusieurs dizaines de personnes réunies au collège Jules-Verne de Maubeuge, ce 8 novembre, ont vu la voiture présidentielle filer et échapper ainsi à une rencontre prévue à l'extérieur de l'établissement, selon La Voix du Nord.

Ces petits couacs qui gâchent «l'itinérance» macronienne

Enfin, il y a tous ces petits couacs dont le président se serait bien passé. Alors qu'un enterrement avait lieu à Verdun, le jour où Emmanuel Macron devait se rendre dans cette même ville, son équipe n'a guère fait dans la compassion. Selon L'Est républicain, «un homme en civil avec une plaque tricolore» aurait demandé à la famille d'accélérer les obsèques. La rue devant l'église devant être coupée pour accueillir le cortège présidentiel...

Malvenue également, cette rencontre entre un ancien combattant et Emmanuel Macron à Verdun. L'individu lui propose de mettre «les sans-papiers hors de chez nous». Visiblement peu destabilisé, le président a promis au militaire de «raccompagner [ceux qui] peuvent vivre librement dans leur pays». Une réponse permettant ainsi de satisfaire son interlocuteur. Néanmoins, elle peut être perçue comme l'illustration d'une nouvelle contradiction macronienne. Emmanuel Macron tente depuis plusieurs semaines de se présenter comme le leader européen progressiste face aux gouvernements qu'il qualifie de «nationalistes», comme ceux, anti-immigration, d'Italie et de Hongrie.

Ce périple de cinq jours devait permettre de lisser l'image d'un président déconnecté, comme le pense une partie de la population, tout en renforçant son action et son image, écornée par l'affaire Benalla. Il se voulait pédagogue pour justifier sa politique, Emmanuel Macron n'a pas été compris, ou rarement. Il voulait réunir la France autour d'un hommage national, l'affaire Pétain a créé un clivage. Avec l'«itinérance mémorielle» enfin, le président voulait se rapprocher de la province mais s'en est éloigné à plusieurs reprises. 

Bastien Gouly

Lire aussi : «Vous n'allez pas faire vos cinq ans» : Macron (encore) chahuté à Charleville (IMAGES)





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