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Raqqa, capitale autoproclamée de l'Etat islamique, a été reprise en octobre 2017. Mais plus de trois mois après sa libération, la grande agglomération du centre de la Syrie ressemble toujours autant à un champ de bataille plutôt qu'à une ville en reconstruction. 

Des bâtiments entiers ont été réduits à l'état de poussière. D'autres ont subi des dégâts irréparables, qui les rendent désormais inhabitables. Les rues de la ville, entourées par les ruines des anciens quartiers résidentiels, sont recouvertes de débris, laissés à l'abandon.

«Nous vivons une tragédie au milieu des destructions», a confié Khawla, une habitante de Raqqa à l'agence vidéo Ruptly. La misère des habitants, qui ont connu la tyrannie de Daesh, ne s'est pas estompée au départ des terroristes. 

Regardez les destructions autour de vous, c'est une ville fantôme

Le paysage est dominé par les immeubles détruits. L'opération anti-terroriste laisse derrière elle un bilan très lourd : les bombardements et les combats ont ravagé près de 80% de la ville. 

«Nous avons été humiliés, expulsés de nos maisons par Daesh, et, quand nous sommes revenus, nos maisons n'existaient plus. Nous nous sommes débarrassés de Daesh mais nos maisons ont été rasées. Regardez les destructions autour de vous, c'est une ville fantôme», s'est livrée une autre habitante de Raqqa, Fayyad Omar Mayel, aux journalistes de Ruptly. 

Les combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS), coalition militaire à dominante kurde, qui contrôlent la zone ne semblent pas particulièrement attentifs aux plaintes des locaux. Ainsi, d'après une publication du collectif syrien de journalistes «Raqqa meurt en silence», créé en 2014 pour dénoncer les crimes sous l'occupation de l'Etat islamique, 80 engins de chantier envoyés par l'Occident seraient arrivés mi-janvier pour évacuer les gravats, mais le Conseil de la ville, dominé par les FDS, les garderait sous séquestre.

Les Etats-Unis s'impliquent au minimum

Du côté des Etats-Unis, qui ont mené la coalition internationale, comment se caractérise l'aide ? L'Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID), agence indépendante du gouvernement des Etats-Unis chargée du développement économique et de l’assistance humanitaire dans le monde, a affiché la couleur : l'implication sera minimale. Elle a envoyé un de ses administrateurs, Mark Green, à Raqqa le 23 janvier pour discuter de l'après-Daesh. Selon ses propres termes, sa mission consiste à «stabiliser, pas reconstruire». «Nous nous limitons à restaurer les services essentiels», explique-t-il encore, encourageant toutefois les alliés de Washington à contribuer à la stabilisation de la situation à Raqqa, pour que le poids financier n'en incombe pas aux seuls Etats-Unis. 

Nous payons nous-mêmes pour les bulldozers

Pendant ce temps, la plupart des travaux sont assurés par les habitants eux-mêmes, qui les paient de leur poche. «Vraiment, la vérité c'est que la vie est horrible ici. Nous n'avons constaté aucun progrès dans le déblayage des gravats et la reconstruction des bâtiments, personne ne nous a aidés», a expliqué Mohammad Junaid, un ancien professeur de la ville. «Nous payons nous-mêmes pour les bulldozers, nous achetons nous-mêmes l'eau», a-t-il ajouté. 

Fayyad Omar Mayel dénonce également cette situation : «Tout ce que l'on sait c'est que c'est la coalition qui est responsable [de la destruction de Raqqa] en premier lieu et elle devrait donc être la première à nous aider. Nettoyer les dégâts à Raqqa et proposer des services tels que [l'accès à] l'eau est facile pour eux, mais difficile pour nous. Nous n'avons aucun véhicule pour apporter de l'eau.»

Les habitants de Raqqa commencent même à émettre des doutes sur leur nouvelle vie : sera-t-elle vraiment aussi démocratique que leurs «sauveurs» le prétendaient ? «Quel est le sens du mot "démocratie" ? Cela suppose qu'il y ait de la tolérance et de la coopération, de la liberté, de l'aide pour les gens [...] Nous sommes ici depuis huit mois et n'avons encore rien obtenu», déplore Mohammad Junaid.

L'explosive question des mines

Avant même de songer à reconstruire la ville, il s'avère crucial de débusquer les mines et autres engins explosifs dont elle est truffée, posés par les partisans de l'Etat islamique dans leur fuite. Sans l'aide de professionnels, les habitants ont entrepris de désamorcer eux-même les engins, et en ont parfois payé le prix fort. «Nous sommes de simples citoyens, pas des soldats», soupire Radwan Hajji Jasim, qui a été blessé durant une opération de déminage. L'un de ses amis qui l'accompagnait, a péri à la suite de l'explosion d'un de ces engins de mort. 

Selon l'ONG Human Rights Watch, les mines artisanales ont tué et blessé des centaines de civils (dont plus de 150 enfants) à Raqqa depuis octobre 2017.

L'ONG Médecins sans frontières a même installé des centres médicaux dédiés aux blessures occasionnées par les mines, qui s'avèrent totalement insuffisants, débordés par le nombre de victimes.

Lire aussi : L'Irak publie les noms des 60 terroristes les plus recherchés, al-Baghdadi étrangement absent





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