Cannes ne serait pas tout à fait Cannes sans sa dose de polémique. La remise prévue d’une Palme d’or d’honneur à l’acteur Alain Delon suscite une controverse outre-Atlantique. Une certaine Margherita B. a publié une pétition intitulée : «Cet acteur raciste, homophobe et misogyne sera honoré à Cannes.»
«Reconnu pour avoir souvent pris la parole en public, il [Alain Delon] a affirmé que les couples homosexuels ne devraient pas avoir le droit […] d'adopter des enfants et que les femmes devraient être traitées avec une attitude "machiste" […] Son fils l'a même accusé de violence domestique. En outre, il a exprimé sa sympathie pour les mouvements d'extrême droite en France», peut-on lire dans le manifeste, qui a recueilli plus de 20 000 signatures.
Dans un premier temps attribuée à tort à l’association Women and Hollywood, fondée en 2007 par Melissa Silverstein, le texte précise qu'«il n’y a pas de place dans un événement aussi important pour les racistes, sexistes et homophobes» et réclame du soutien «pour demander à Cannes de ne pas l’honorer». Contactée par Le Figaro, Melissa Silverstein affirme ne pas être l’instigatrice de l’initiative, bien qu’elle soutienne la démarche.
«#MeToo ne nous a donc rien appris ? Nous exigeons que le Festival de Cannes refuse d’honorer un agresseur misogyne», a pour sa part réagi le collectif Osez le féminisme ! sur Twitter.
Palme de Delon à Cannes : Pas d'honneurs pour les agresseurs !
— Osez le féminisme ! (@osezlefeminisme) 14 mai 2019
Delon déclarait en nov 2018 être “un machiste” et reconnaissait avoir souvent frappé ses conjointes. #METOO ne nous a donc rien appris ? Nous exigeons que le Festival de Cannes refuse d’honorer un agresseur misogyne pic.twitter.com/6a1C96kLmz
«Maccarthysme» et «chasse aux sorcières»
«Alain Delon a le droit de penser ce qu’il pense», a rétorqué Thierry Frémaux, délégué général du festival, lors d'une conférence de presse tenue le 13 mai, se désolant que «ce qu’Alain Delon a dit ici et là soit globalisé».
"Alain Delon a le droit de penser ce qu'il pense" : Thierry Frémaux, délégué général du festival de Cannes, défend la décision de remettre une palme d'or d'honneur à un acteur qui a reconnu avoir giflé des femmes et qui avait qualifié l'homosexualité de "contre-nature" #AFPpic.twitter.com/CPaxbSZDgY
— Agence France-Presse (@afpfr) 13 mai 2019
De son côté, le journaliste Eric Naulleau s’est insurgé sur Twitter : «Une pétition américaine s'oppose à ce qu'Alain Delon reçoive une Palme d'honneur à Cannes en raison de ses opinions politiques. Jamais le Hollywood d'aujourd'hui n'a autant ressemblé au Hollywood d'hier, quand y sévissaient le maccarthysme et la chasse aux sorcières. Fuck the PC !» Une référence à la traque menée après la Seconde Guerre mondiale aux Etats-Unis afin d’identifier les communistes.
Une pétition américaine s'oppose à ce qu'Alain Delon reçoive une Palme d'honneur à Cannes en raison de ses opinions politiques. Jamais le Hollywood d'aujourd'hui n'a autant ressemblé au Hollywood d'hier, quand y sévissaient le maccarthysme et la chasse aux sorcières. Fuck the PC!
— Eric Naulleau (@EricNaulleau) 13 mai 2019
Eric Ciotti, député LR, a lui affirmé son «soutien à Alain Delon, la plus grande icône du cinéma français qui fait face au sectarisme et à des censeurs extrémistes», toujours sur le réseau social.
Soutien à #AlainDelon la plus grande icône du cinéma français qui fait face au sectarisme et à des censeurs extrémistes.https://t.co/DymUwnkIJF
— Eric Ciotti (@ECiotti) 13 mai 2019
L’interprète de Roch Siffredi dans Borsalino devrait gravir, 62 ans après sa première fois, les marches du Palais des Festivals, le 19 mai prochain, pour recevoir sa distinction honorifique. A moins que la pression née outre-Atlantique ne porte ses fruits...
Lire aussi : Harcèlement de rue : 332 contraventions pour outrage sexiste ont été dressées
Enregistrer un commentaire
Réagissez vite