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Les mots sont lâchés : on parle aujourd'hui du «Selmayr gate», comme l'appelle la presse, dans les couloirs du Parlement européen. Le scandale redouble en effet autour du parachutage de Martin Selmayr, le bras droit de Jean-Claude Juncker, au poste de nouveau secrétaire général de la Commission européenne le 21 février, alors qu’il n’en avait pas les qualifications requises.

Dernière révélation embarrassante en date pour Bruxelles, la rivale de Martin Selmayr, Clara Martinez, n'était autre que la cheffe de cabinet de celui-ci. Une candidature qui pourrait donc s'avérer fantoche.

C'est dans ce contexte que les eurodéputés, fous de rage, se sont relayés le 12 mars en séance plénière à Strasbourg afin de dénoncer, tous partis confondus, une promotion qu'ils jugent truquée. Au terme de la séance, le lancement d'une enquête approfondie sur cette nomination a été approuvée.

Comment pouvez-vous violer l’esprit des institutions ?

«Vous, Monsieur le vice-président, […] comment pouvez-vous vous satisfaire de cette violation manifeste de l’esprit et de la lettre de la loi ?» a tonné, au bord de l'implosion, l'eurodéputée française Pervenche Berés, coordinatrice du groupe socialiste et démocrate s'adressant à l'allemand Günther Oettinger, commissaire au budget et aux ressources humaines. «Comment pouvez-vous violer l’esprit des institutions [selon lequel] ceux qui y travaillent ne sont pas là pour se servir, mais pour travailler au service des citoyens, ce que nous devons faire de manière exemplaire ?», lui a-t-elle encore demandé. Selon elle, Martin Selmayr «n’avait pas les qualités juridiques […] pour occuper ces fonctions».

Vous nous prenez pour des imbéciles, vous devriez avoir honte

Même colère chez l’eurodéputé écologiste Pascal Durand. «La fraude corrompt tout», a-t-il éructé. «Quelqu’un qui est nommé secrétaire général adjoint pour trois minutes pour pouvoir échapper échapper aux règles de la nomination [...] est-ce une procédure normale pour devenir secrétaire général à la tête de 33 000 personnes ?», a-t-il demandé. «Vous nous prenez pour des imbéciles, vous devriez avoir honte ! Vous êtes en train de détruire le projet et la démocratie européennes», a-t-il tempêté.

C’est un coup d’Etat

Pire encore, le désaveu des Chrétiens démocrates allemands (CDU), le camp politique pourtant très europhile de Martin Selmayr. «Nous, on ne nomme pas des gens sans expérience. C’est un coup d’Etat», a dénoncé l'allemand Werner Langen. Le groupe d'eurodéputés Les Républicains (LR) s’est aussi élevé contre «des petits arrangements entre amis» et une «mystification digne du Parti communiste chinois».

 

Assailli de toutes parts, Günther Oettinger a maladroitement répondu aux questions, chahuté par les eurodéputés, qu'il a invité à «donner» une chance à Martin Selmayr. Selon lui, tout aurait été fait «conformément aux règles».

Ultime estocade, l'eurodéputé danois Anders Primdahl Vistisen des Conservateurs et réformistes européens (droite), a rétorqué qu'il fallait être «aveugle, sourd et stupide pour croire aux propos de Günther Oettinger».

Une nomination dans des conditions plus qu'opaques 

Des critiques avaient surgi dès le 21 février, date de la nomination express de Martin Selmayr. Elle avait été présentée comme un fait accompli aux 27 commissaires qui avaient dû voter dans l’urgence. 

Ce proche de Jean-Claude Juncker avait été nommé faute de titres suffisants. Avant d’être nommé secrétaire général de la Commission européenne, il convient en effet d’occuper le poste de secrétaire général adjoint de l'organe.

Ce dernier poste s'est débloqué et un appel d'offres a été publié le 31 janvier. Pour postuler, il fallait être directeur. Martin Seylmar n’étant que chef de cabinet n'aurait donc théoriquement pas dû être en lice. Mais les services de la Commission ont décrété une équivalence de grade.

Alexander Winterstein, le porte-parole adjoint de la Commission, a affirmé le 27 février qu’il y avait eu «plusieurs candidats» comme l'exigent les règles. Mais il a fini par admettre face aux journalistes qu'il n’y en avait que deux : Martin Selmayr et une candidate, pour respecter les règles de parité. Mais la prétendante avait tout l'air d'être fantoche : selon Jean Quatremer, il s'agissait Clara Martinez, la sous-chef de cabinet de… Martin Selmayr.

Ce même jour, le secrétaire général en fonction, Alexander Italianer, avait démissionné. Son départ précipité et surprise avait laissé la place libre à Martin Selmayr, nommé dans la foulée de ce jeu de chaises musicales. Ce dernier ne sera donc resté secrétaire général adjoint que quelques minutes, le temps du vote. Les commissaires européens présents pour valider sa pseudo-candidature n'avaient pas été prévenus. Selon un eurodéputé, la procédure de nomination, unilatérale, n’aurait duré que quelques minutes.

 

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